Pour répondre aux nouveaux défis de la santé et permettre aux établissements de recruter davantage de soignants, le gouvernement repense en profondeur la profession et la formation infirmière.
Alors même que les infirmiers dénonçaient des « conditions de travail dégradées » et des « compétences dévalorisées et non reconnues », l’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, annonçait le 3 mai 2023 la refondation complète du métier d’infirmier. Dix-huit mois de travaux d’ampleur ont ainsi débuté et devraient prendre fin en septembre prochain.
Un contexte propice à la réforme infirmière
C’est dans un contexte de pénurie de soignants, mais également d’évolution des besoins et de refondation globale de notre système de santé, que s’inscrit une réforme infirmière très attendue.
Une pénurie d’infirmiers grandissante
La crise sanitaire l’a mis en évidence : infirmiers et infirmières jouent un rôle fondamental dans notre système de santé. Pourtant la pénurie de ces soignants fait rage et pose de sérieux problèmes dans le secteur des soins de santé, notamment dans les hôpitaux. En cause : un métier qui ne séduit plus.
Ce sont les conditions de travail dégradées, la perte de sens, mais également le manque de reconnaissance des compétences qui expliqueraient en grande partie ce manque d’attractivité. La formation infirmière ne répondrait également plus aux attentes des étudiants : bien qu’elle soit la plus demandée sur Parcoursup, 10 % des étudiants abandonnent leurs études dès la première année.
Des besoins de santé en pleine évolution
Avec le vieillissement de la population, l’évolution des maladies chroniques et la nécessité de développer les soins à domicile, les besoins de santé comme le rôle des infirmiers ont considérablement changé. Pourtant, les textes encadrant la profession infirmière n’ont pas évolué depuis près de 20 ans. La formation, depuis bientôt 15 ans.
Quels objectifs de la réforme infirmière ?
Pour attirer et fidéliser ces professionnels de santé, mais également élargir leur champ de compétences, la révision complète de la profession infirmière était inévitable. La réforme comporte ainsi 3 volets : les compétences, la formation et les carrières.
Volet 1 - Les compétences
L’élargissement des compétences infirmières vise à répondre à la fois à un enjeu de valorisation de la profession (plus d’autonomie) et à l’évolution des besoins de santé de la population.
La loi dite « Rist2 » et la loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 permettent déjà aux infirmiers de prendre en charge la prévention et le traitement des plaies dans le cadre d’un exercice coordonné (incluant la prescription d’examens complémentaires et de produits de santé), l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal ou la réalisation des certificats de décès.
La réforme infirmière 2023-2024 voit plus loin encore et doit transformer profondément le cadre d’exercice infirmier (prévention et éducation thérapeutique, coordination du parcours, soins de proximité, etc.) d’ici la rentrée 2024. Il s’agit notamment de modifier le décret infirmier pour passer « d’un encadrement strict des actes autorisés à une approche plus agile, autour de grandes missions. » (discours de François Braun, le 26 mai 2023).
Volet 2 - La formation
L’évolution du cadre d’exercice va de pair avec celle de la formation. Bien que la formation infirmière ait été modernisée en 2009, il faut aujourd’hui faire face à l’augmentation des maladies chroniques, à une plus grande technicité des soins et à des soins plus lourds, notamment dans le champ de la santé de l’enfant et de la santé mentale. La réforme doit permettre de réajuster le cursus et de renforcer certaines disciplines essentielles (pédiatrie, psychiatrie, gériatrie), notamment.
L’évolution de la formation s’inscrit aussi plus largement dans un plan d’attractivité du métier d’infirmier. Selon François Braun, les candidats « ne trouvent pas dans la formation, ce à quoi ils s’attendent » quand pour les syndicats infirmiers, le « nombre d’étudiants par formateur ne cesse d’augmenter » et engendre « une détérioration des conditions d’accompagnement et d’encadrement ». La réforme devra également permettre de répondre aux attentes des étudiants.
5 objectifs sont visés :
- Consolider les outils et données.
- Sécuriser les parcours.
- Diversifier les voies d’accès au métier.
- Rénover les compétences et les contenus de formation.
- Renforcer la visibilité et la (re)connaissance du métier.
Volet 3 - Les carrières
Le gouvernement souhaite également renforcer les collectifs de travail (via le développement des protocoles de coopération) au sein desquels les infirmiers exerceront leurs nouvelles compétences. Une manière d’ouvrir de nouvelles possibilités de progression et d’évolution et de reconnaître une expertise clinique mise en évidence durant la crise sanitaire.
La réforme 2023-2024 : la reconnaissance de l’expertise infirmière
La réforme infirmière tombe à point nommé. Alors que la pénurie d’infirmiers n’est pas sans conséquences sur le système de soins en France, la refondation complète de la profession et de la formation devraient permettre d’attirer plus de candidats au poste d’infirmier et faciliter le recrutement dans les années à venir.
L’annonce de ces changements nous touche particulièrement. Depuis 2016, Brigad met en relation des établissements et des professionnels de soins et de santé à leur compte. Chaque jour, nos équipes œuvrent pour permettre aux établissements, privés et publics, de renforcer leurs équipes
Trouver une infirmière pour une mission en libéral ou pour un CDD de remplacement.
Mais aussi aux talents, d’exercer librement leur passion à travers les nombreuses missions qui leur sont proposées par les établissements.