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February
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February 9, 2023
Déjà confronté à une crise sans précédent avec la pandémie et la pénurie de personnel soignant, le secteur de la santé doit aujourd’hui faire face à un nouveau défi. Celui de réduire son empreinte carbone alors que le prix de l’énergie connaît une augmentation inquiétante.
La crise énergétique peut néanmoins représenter une opportunité pour le secteur, qui émet chaque année plus de 46 millions de tonnes de CO2, soit 8 % du total en France. Voici les principales solutions qui sont aujourd’hui à sa disposition pour faire face à ce challenge et en profiter pour adopter des pratiques plus vertes.
Un hiver 2023 sous haute tension énergétique
Les premières mesures pour pallier la flambée des coûts de l’énergie ont été mises en place fin 2022 dans les hôpitaux et centres de soin français. La plus emblématique étant certainement la baisse du chauffage dans les chambres des patients à 22 degrés. Mais un bilan complet sur le fonctionnement des dispositifs de secours (comme les groupes électrogènes) a également été commandé pour s’assurer que le secteur sanitaire et médico social était bien préparé à l’hiver.
Pour rappel, les hôpitaux ne bénéficient pas du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement pour les particuliers et les PME. Ces derniers craignent donc, à juste titre, une envolée de leurs factures. Selon le responsable Développement Durable de le la Fédération hospitalière de France, elles devraient être multipliées en moyenne par trois ou quatre.
"Cela représente des millions d'euros et va rendre la gestion financière de beaucoup d'établissements très difficile", ajoute Rudy Chouvel.
Si la crainte de possibles délestages dans les hôpitaux a été balayée par le gouvernement, ces derniers ont néanmoins été appelés à anticiper les risques d'approvisionnement en électricité et gaz. Le gouvernement a également recensé les établissements qui seraient en situation de fragilité. Par précaution, ces derniers ont d’ailleurs été amenés à s'approvisionner en fioul, au cas où ils devraient activer les groupes électrogènes de secours.
Les établissements les plus vulnérables face à cette envolée des prix sont ceux qui se trouvent en fin de contrat avec leurs fournisseurs (ou qui sont en cours de renouvellement). La crise actuelle pourrait ainsi remettre en cause la sécurité de leur approvisionnement. Pour éviter les pénuries, une centrale d'achat a été mise en place pour aider les centres de soin concernés en mutualisant les achats.
Décarboner la santé : un défi urgent
Comme dans d’autres secteurs (à commencer par l'hôtellerie restauration, mais aussi l’éducation), l’impact de la hausse des prix sur le bon fonctionnement des centres de soin pose donc question.
Mais si l’enjeu le plus urgent est d’éviter que les hôpitaux ne fassent le coup de la panne, un autre défi apparaît en filigrane… Celui de mitiger l’impact qu’a notre système de santé sur l'environnement
En effet, si ce dernier est encore aujourd’hui peu documenté, on sait que le secteur de la santé est l’un des premiers émetteur de gaz à effet de serre. Selon l’étude menée par The Shift Project, il émet plus de 46 tonnes de CO² par an, soit 8 % des émissions du pays (avec notamment les achats de médicaments, de matériel médical, le transport des patients et du personnel, l’alimentation, etc.)
Outre l'électricité, les hôpitaux consomment également énormément de gaz, ne serait-ce que pour le chauffage, l'eau chaude sanitaire, les services de blanchisserie ou encore les cuisines.
Pour accélérer la transition écologique de la santé, un réseau de conseillers spécialisés (le CTEES) a même été créé en 2020. Leur mission est d’accompagner les établissements « dans l’élaboration et la mise en œuvre d’une gestion planifiée de l’énergie ». Parmi les premières mesures mises en place, on retrouve notamment le calcul et le suivi plus précis de la consommation, des bilans d’émissions de gaz à effet de serre ainsi que des travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.
Plus que des économies d’énergie, une véritable transition écologique
Outre la réduction de leur facture d’énergie, l’heure est à la sobriété énergétique dans les services hospitaliers. Et cela commence par des mesures simples, qui peuvent néanmoins faire la différence à l’échelle d’un hôpital ou d’un Ehpad.
On pense notamment au fait de remplacer les ampoules obsolètes par des Led, installer des détecteurs de présence, fermer les fenêtres, etc. Des petits gestes qui semblent anodins, mais qui selon les experts, peuvent permettre de réduire jusqu’à 10 % la consommation.
Certains établissements vont encore plus loin. C’est le cas par exemple du CHU de Poitiers, qui produit sa propre électricité depuis le milieu des années 1990. L'hôpital Saint-Louis à Paris, s’est quant à lui engagé à réduire sa consommation énergétique de plus de 2 % chaque année depuis 2017. En 2020, et malgré le contexte tendu dû à la pandémie, l'hôpital a même enregistré une baisse de 6 %.
Quelles solutions pour réduire la consommation du secteur de la santé ?
Dans son rapport, le Shift Project propose également 37 mesures concrètes pour diminuer les émissions carbones du secteur de la santé. Ces dernières se concentrent principalement sur les postes qui émettent le plus de gaz à effet de serre, notamment les bâtiments, les déplacements, l’alimentation, mais aussi les médicaments et les dispositifs médicaux.
Parmi ces solutions pour décarboner la santé, on retrouve des recommandations devenues très populaires depuis la crise sanitaire. C'est le cas par exemple du télétravail pour les fonctions administratives ou encore le développement de la télémédecine pour limiter les déplacements. Le Shift Project conseille également le recours au covoiturage, aux véhicules électriques et aux mobilités vertes (vélo, transports en commun) pour le personnel.
Mais au-delà du bon sens, des propositions plus innovantes commencent également à s’imposer. Parmi elles, on retrouve le développement de filières de recyclage ou de reconditionnement des emballages de médicaments. Mais aussi la mise en place d’une politique d’achat plus éco-responsable ainsi que la rénovation thermique des bâtiments.
La crise actuelle que traversent les établissements de santé peut représenter une formidable opportunité de répondre aux défis majeurs de notre époque. Elle force en effet les établissements à aligner leur stratégie sur le court et le long terme et à se mobiliser collectivement pour leur transition écologique.
