L'histoire du titre restaurant : de sa création à son développement numérique

En France, le titre-restaurant** contribue pour 15% au chiffre d’affaire de la restauration et plus de 4 millions de Français en bénéficient. Cette aide salariale qui concilie parfaitement les obligations légales des entreprises aux besoins et demandes des salariés s’est exportée un peu partout dans le monde : Mexique, Argentine, Allemagne, Turquie depuis sa création.

** Vous aussi vous avez l’habitude de dire “ticket restaurant” ? Sachez que cette appellation est de nos jours utilisée abusivement car en réalité le terme « ticket restaurant » est le titre-restaurant délivré par la société Edenred.

Le titre-restaurant en 3 dates clés

1913 : La première loi instaurant en France une restauration d’entreprise est votée. Désormais, les employeurs sont dans l’obligation d’assurer à leur personnel des repas dans de bonnes conditions ou d’avoir un espace adapté pour déjeuner. À l’époque, beaucoup d’entreprises ont des difficultés à s’adapter à ces nouvelles règles pour des raisons financières. C’est là que le titre-restaurant intervient : il a fortement aidé les entreprises à pallier ce manque de moyen.

1957 : Les premières initiatives de ce que l’on appelait à l’époque des « bons repas » apparaissent. À l’initiative de trois sociétés, plusieurs titres-restaurant sont créés : « Le Ticket Restaurant », « Le Chèque Restaurant » et « Le Chèque Déjeuner ». Elles émettent chacune leur propre titre-restaurant, s’associent et passent des accords avec les restaurateurs. Dix ans plus tard, une nouvelle loi institutionnalise le système. La machine est en marche !

2014 : Les émetteurs des titres-restaurants proposent un nouveau service : la carte déjeuner. Ce nouveau moyen de paiement apporte de nombreux avantages, que ce soit pour les restaurateurs, les entreprises qui achètent les titres ou les salariés.

Les principaux acteurs du titre-restaurant

En France, les quatre prestataires historiques sont :

  • Edenred qui distribue le ticket restaurant (le terme « ticket restaurant » est d’ailleurs utilisé abusivement dans la société puisque le principe du « ticket restaurant » se nomme en réalité un titre-restaurant, le ticket restaurant est délivré par la société Edenred) ;
  • Natixis, qui émet le Chèque Apetiz (anciennement Chèque de table) ;
  • Sodexo, qui distribue le Pass Restaurant ;
  • Up (anciennement Groupe Chèque Déjeuner).

Depuis peu, ces entreprises émettrices ont vu l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché qui proposent des titres-restaurant dématérialisés. On peut notamment citer Swile (anciennement Lunchr), Monetico-Resto (Groupe Crédit Mutuel-CIC), Octoplus (Resto Flash) ou bien Wedoofood. En plus des paiements par carte ou par application, ces services proposent aussi des services complémentaires qui permettent aux salariés :

  • de commander en groupe pour bénéficier de réductions dans les restaurants,
  • d’accéder à un service client réactif,
  • de gérer leur solde de titres-restaurant,
  • de consulter l’historique de leurs transactions,
  • de localiser les enseignes partenaires les plus proches.

Le titre-restaurant à l’heure du numérique : avantages & réticences

Avantages de la digitalisation

  • Pour les restaurateurs, la carte déjeuner permet une rapidité de paiement qu’ils n’avaient pas avec les titres-restaurant, ainsi qu’un encaissement simplifié et un remboursement plus rapide (48h00 vs un mois environ).
  • Pour les entreprises, l’application de la carte déjeuner permet de mieux gérer les bénéficiaires, de facilement recharger les cartes et de les supprimer en un clic, ce qui optimise la gestion comptable.
  • Quant aux salariés, ils disposent désormais de nouveaux services : le suivi de leur solde ainsi que le paiement en ligne. Ils peuvent dépenser au centime près, ce qui était impossible avec les titres-restaurants papiers, dont la différence entre le coût de l’achat et le montant du ticket restaurant n’était généralement pas remboursée.

Réticences de la digitalisation

  • Pour les géants historiques à l’instar de Edenred, Natixis Intertitres et Up : avec les titres-restaurant papier, ces groupes émetteurs prélèvent une commission à chaque étape de l’émission :

➡️  Lorsque l’entreprise achète des titres-restaurant, elle est prélevée de 1 à 2% sur le montant de l’achat.

➡️ Lorsque les restaurateurs renvoient ces titres pour les échanger contre remboursement, ils sont prélevés à hauteur de 3%  à 5% du montant et doivent par la suite attendre environ 1 mois pour se faire rembourser.  

➡️  Et c’est justement ce laps de temps avant le remboursement qui permet aux entreprises émettrices de placer cet argent et d’en tirer des intérêts.

La dématérialisation a donc remis en question une partie du modèle économique des acteurs historiques des titres-restaurant.

  • Enfin, pour certains salariés, l’instauration de ce système les empêche en outre de dépanner un collègue, un ami ou une personne dans le besoin, de déjeuner dans certains restaurants (car tous les établissements n’acceptent pas les cartes), et leur impose un montant maximum de 19€ par jour (hors COVID-19).
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